Alberte Raynaud

ALBERTE RAYNAUD 001 Antonia Photographie

Chorégraphe, sculpteur, vidéaste, directrice artistique du Théâtre en Garrigue de 1994 à 2021.

De par son enfance passée en Algérie, Alberte Raynaud reste imprégnée du sens de la matière, de la lumière, des formes, d’une sensibilité tactile et visuelle particulière. Son itinéraire est assez singulier pour que l’on se penche sur les étapes qui l’ont amenée à être sculpteur, décoratrice, chorégraphe et cinéaste. En 1961, elle vient en France et rencontre Karin Waehner (...).

Elle travaille différentes techniques de danse. Elle se familiarise avec la lumière en tant que régisseur pour Graziella Martinez. Les décors qu’elle conçoit sont déjà une prise de position/possession/dialogue avec l’espace, et petit à petit, elle glisse vers la chorégraphie, pensant en termes de formes et d’espace, pleins et vides. Elle forme sa propre compagnie en 1968, Danse et Sculpture, affirmant par là une dimension particulière de conception de la chorégraphie, de métamorphose et de manipulation de l’espace. Elle expérimente dans « Signal » avec une sculpture électronique qui réagit au passage des danseurs. En 1971, elle crée « Trilogie », sur une musique de Maurice Ohana, qui met en jeu un écran semi-circulaire, des projections de diapositives et tous les procédés techniques que cela suppose, complètement intégrés à la chorégraphie. Le pas suivant dans l’utilisation du cinéma dans la chorégraphie est « Amour(s) », « Mutation(s) », « Alternance(s) », « Angoisse j’éclate de rire », « Duo d’eau », « Fleur portée disparue » sont des cinévidéochorégraphies.

Le terme de chorégraphie multimédia est mis en place. (...). Cette approche particulière à la danse et à la chorégraphie devait amener Alberte Raynaud à en questionner le pourquoi au point de vue symbolique et psychanalytique (le miroir, le double, le sexe, l’éclatement du sens). C’est la somme de cette réflexion qu’elle donne dans « Le corps polyphonique », thèse de doctorat soutenue en 1984 sous la direction de Julia Kristeva et de Christian Metz.

« Je chorégraphie en sculpteur, je danse le mot, je sculpte et bouge l’image, tandis que la sculpture s’incurve pour recevoir des corps, devient mobile pour être raccordée au rythme du danseur et offre enfin un espace au cadre cinématographique. »

Resté longtemps en sommeil parmi les projets de création, elle met en scène « Pierre de soleil », une pièce théâtrale sur un texte d’Octavio Paz et mis en espace sonore avec projections d’aquarelles dont elle est l’auteur. Un univers poétique, onirique, minimaliste.

Alberte Raynaud a travaillé sur la notion de fantastique, puis de féérique.